Comment mieux vous sensibiliser aux difficultés des recherches au Pays Basque qu’en vous présentant la famille de Jean Etchart et Marie Mendiburu telle que j’ai pu la reconstituer à force de recherches, de coups de chance et de surprises.
D’après l’état-civil, le couple a eu 13 enfants dont 3 morts en bas-âge. Mais comme toujours au Pays-Basque, rien n’est aussi simple qu’il n’y parait. Au décès de Jean en 1846, ce ne sont pas 13 mais 14 enfants qui sont désignés héritiers.
Et quand, dans un acte de 1867, Marie Mendiburu vend un terrain en ne citant plus que deux de ses 14 enfants comme héritiers de son mari, j’ai compris que les recherches sur cette fratrie n’allait pas être simple.
Heureusement, un nouvel acte de 1879 m’a mis sur la piste de certains de ces enfants partis de l’autre côté de l’Atlantique à Buenos-Aires.
Mais c’est surtout avec celui de 1896, quand les émigrés sont venus réclamer leur part sur la vente de 1879, que j’ai pu réellement progresser.
Jetons un coup d’œil sur cette fratrie et sur le résultat de mes recherches.
Marie (° vers 1825 + après 1879 Garris)
Marie est une énigme. Probablement l’aînée de la fratrie, je ne lui ai pas trouvé d’acte de naissance ni d’acte de décès. Elle apparait dans la déclaration de succession de son père et est, à nouveau, mentionnée dans un acte de vente en 1879.
Mes pistes pour en savoir plus sur Marie
- Recensements de Garris (à la mairie car pas de recensements aux archives)
- Recherche dans les tables de successions du bureau de Saint-Palais
- Recherche d’un acte de décès éventuel aux alentours de Garris (Béguios, Saint-Palais…)
Jeanne (°26/01/1826 Sumberraute + ? Argentine)
De Jeanne, je ne trouve plus de trace en France après la déclaration de succession de son père. Elle est mentionnée dans l’acte de vente de 1879. Sa mère indique qu’elle est partie à Buenos-Aires contrairement à ses frères qui sont dits domiciliés à Buenos-Aires. Est-elle bien arrivée à Buenos-Aires ? N’a-t-elle jamais recontactée sa famille ? Contrairement aux hommes, les femmes célibataires apparaissent très peu dans les registres consulaires. Peut-être est-ce elle, cette Jeanne Etchart, marraine de Juana Etchart fille de Baptiste et baptisée en 1865 à Belgrano ?
Mes pistes pour en savoir plus sur Jeanne
- Un mariage à Buenos-Aires
- Recherche dans les tables de successions du bureau de Saint-Palais de la déclaration de son décès
Jean (°12/12/1827 Sumberraute +30/09/1884 Buenos-Aires)
J’ai trouvé l’inscription de Jean dans les registres d’immatriculation du consulat de Buenos-Aires de 1859. Il est arrivé du port de Pasajes en Espagne sur le bateau Vesta en 1855. Il est indiqué qu’il est marié et menuisier de profession.
C’est grâce à la découverte de sa déclaration de succession à Saint-Palais que j’ai pu identifier de manière certaine la famille de Jean. En 1896, soit 12 ans après son décès, Marie Narbaitz, sa femme, traverse l’Atlantique et vient déclarer le décès de son mari et de son fils cadet Baptiste. Elle en profite pour réclamer la part de son mari sur la transaction de 1879.
Grâce à cette information et grâce à Familysearch, j’ai pu retracer la vie de Jean outre Atlantique.
Baptiste (°16/11/1829 Sumberraute + après 1921 Buenos-Aires)
Baptiste est arrivé à Buenos-Aires en 1853 sur le bateau Cornélie au départ de Pasajes (Espagne).
Il se marie 5 ans plus tard dans la paroisse de Balvanera avec Sabine ou Izabel Errobidart, originaire d’Ayherre. L’acte de mariage comporte une erreur sur le nom de sa mère mais l’acte de baptême de sa fille Marie en 1869 à Belgrano, le même jour que la fille de son frère Arnaud, et dont le parrain est Arnaud et qui comporte la signature de son frère Geronimo laisse peu de place au doute.
De ce mariage naîtront dix enfants (d’après le recensement de 1895 de Buenos-Aires).
Ils s’installent dans la ville de San Martin vers 1871. Quatre de leurs enfants se marient avec des enfants du couple Félix Altube et Marie Berro dont j’ai découvert l’histoire sur le site du Musée de la ville de José C. Paz, ville fondée par le mari de leur fille Eusobia. Certains de leurs petits-enfants sont probablement présents sur la photo de Marie Berro et de ses petits-enfants extraite de l’article « Mirador de Altube ».
Mes pistes pour en savoir plus sur Baptiste
- Trouver son acte de décès
- Contacter le musée pour retrouver des descendants Altube de Baptiste
Arnaud (°5/06/1832 Sumberraute +10/04/1924 Béguios)
Arnaud, je vous l’ai présenté ici. Si une de ses filles n’était pas née en Argentine, j’aurais pu croire qu’il était resté bien sagement en France…
Gracieuse (°13/12/1833 Sumberraute +14/02/1892 Béguios)
Gracieuse ne semble pas avoir traversé l’Atlantique. En 1869, elle achète la maison Acheminart à Garris. Elle la revend en 1884 et s’installe chez son frère Arnaud où elle finit sa vie en lui léguant tous ses biens.
Martin (°29/04/1837 Sumberraute + après 1896 Campana)
Martin embarque en 1855 de Pasajes sur le Prosper comme l’indique son inscription au consulat de Buenos-Aires en 1861. Il est laitier.
En 1869, on le retrouve à Garris pour son mariage avec Marie Larraincy où il apporte une dot de 21 000 f, une fortune pour l’époque. Etonnant pour un homme qui ne semble pas savoir écrire. Après la naissance de ses deux filles, il repart en Argentine laissant à son frère Arnaud le soin de vendre ses biens en France et s’installe à Campana où il est recensé en 1895.
Mes pistes pour en savoir plus sur Martin
- Trouver son acte de décès, probablement en Argentine
Dominique (°22/04/1838 Sumberraute + après 1846)
En 1846, Dominique est vivant et mentionné dans les héritiers de son père. Je n’ai pas trouvé d’autres mentions de Dominique : pas de décès à Luxe-Sumberraute, pas de mention d’un départ vers l’Argentine par sa mère dans les actes notariés qu’elle a passé après 1846.
Mes pistes pour en savoir plus sur Dominique
- Rechercher les recensements de Luxe-Sumberraute (s’ils existent en mairie)
Jean dit Cadet, Jérome ou Geronimo (°27/05/1841 Sumberraute + 28/07/1890 Buenos-Aires)
Jean est parti en 1855 à l’âge de 13 ans vers Buenos-Aires. Lors de son inscription sur les registres consulaires à 17 ans, il est indiqué qu’il est fabricant de cigares.
En 1896, sa fille Marie Ascuncion déclare son décès à Bayonne. Son père est mort en 1890 laissant une veuve, Luisa Piccalugga, et 9 enfants. J’ai cherché longtemps les actes le concernant à Buenos-Aires : impossible de trouver son acte de mariage, la naissance de ses neuf enfants ou son décès malgré une localisation précise de la famille. Mais, au hasard d’une recherche sur le net, j’ai découvert qu’il possédait sa propre marque de cigarette.
et puis, finalement, dans un de mes moments de procrastination sur Familysearch… Mais cette histoire, je vous la raconterai dans mon prochain article.
Jean (°10/06/1843 Béguios + après 1879 Buenos-aires)
Comme ses frères, Jean, Baptiste et Geronimo, sa mère indique en 1879 qu’il est domicilié à Buenos-Aires. En 1896, quand ses frères viennent réclamer leur part sur la transaction de 1879, il n’est pas mentionné.
Mes pistes pour en savoir plus sur Jean
- Trouver un acte de décès ou une déclaration de succession
Conclusion
Rechercher ces fratries émigrées en Argentine peut s’avérer long et fastidieux. Je suis loin d’avoir élucidé tous les mystères de cette fratrie. Sans recensements (incendie de la préfecture en 1908), difficile de suivre la composition du foyer à travers le temps. Pour les recherches en Argentine sur les émigrés, le site Familysearch a mis en ligne beaucoup de registres. Certains sont indexés, d’autres non. Mais la mauvaise transcription des noms basques par les argentins complique souvent les recherches. Il y a énormément de choses mais avec un classement approximatif. Les registres consulaires peuvent aussi être un moyen de suivre la trace de ceux qui sont partis mais les inscriptions n’étaient pas obligatoires et pouvaient intervenir longtemps après l’arrivée en Argentine. Les femmes s’inscrivaient plus rarement que les hommes et sont beaucoup plus difficiles à retrouver.
Alors si vous croisez l’un d’entre eux au hasard de vos recherches, n’hésitez pas à me laisser un commentaire.
Sources
La famille Etchart sur mon arbre Geneanet
Etat-civil, Liasses notariales – Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
Registres du consulat français de Buenos-Aires – Archives diplomatiques de Nantes -Numérisation par Genfrancesa
- BMS de la ville de Buenos-Aires
- Recensement de 1869
- Recensement de 1896
La ciudad de Buenos Aires y sus habitantes 1860 – 1870 A través del Catastro de Beare y el Censo Poblacional – Jorge F. Lima González Bonorino
Los fabricantes de cigarillos en Argentina (1850-1920) Alejandro Butera -Boletin Cahip n°19 2019 (p33)
Mirador de Altube – Museo Historico de José C Paz José Altube
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