Depuis quelques années, j’ai entrepris d’identifier les frères et sœurs  de mes ancêtres en retrouvant au moins leurs actes de naissances, de mariages et de décès, ceci afin d’avoir une vision plus globale du cercle familial. Et parfois, je m’attarde au fil de mes découvertes sur la famille d’un de ces frères et sœurs.

C’est ce que j’ai fait avec Angélique Lavaud, sœur aînée de mon arrière-grand père.

Payroux

Eglise de Payroux

Les Lavaud sont des petits propriétaires terriens de la région de Payroux, commune du sud de la Vienne. Angélique se marie à à l’âge de 17 ans avec Jules Bonnin, menuisier de son état. Elle s’installe avec son mari dans le bourg de Payroux où ils auront quatre fils : Archambaud, Pierre Richecœur, Roger et Pierre. Habituée aux Jean, Pierre et François qui constituent la plus grosse partie des prénoms masculins de mon fichier généalogique, j’avoue avoir été surprise par ces prénoms romanesques. Archambaud, Richecœur et même Roger reste des prénoms originaux pour le lieu et pour l’époque. Il n’en fallait pas moins pour que j’approfondisse les recherches sur ces quatre frères.

Comme leurs parents qui semblent avoir été influencés dans leur choix de prénoms par des éléments extérieurs à leur milieu, certains de ces garçons feront des choix de vie originaux.  Ont-ils été bercés par des histoires d’aventure pendant leur jeunesse ? Est-ce que leur père leur a raconté sa  participation à la guerre de 1871 ou ont-ils été influencés par le service militaire de leur oncle Joseph dans le 2éme régiment des Zouaves ?

  • Archambaud sera menuisier comme son père et restera à Payroux.
  • Son second frère ne suit pas le même chemin. En 1897, Richecœur se rend à Poitiers et s’engage dans le 5ème régiment des chasseurs d’Afrique à seulement 17 ans. On le retrouve à l’école de cavalerie de Saumur comme maitre maréchal-ferrand où il se marie en 1905. Après avoir travaillé avec les chevaux, il terminera sa carrière dans les cuirassés. Il restera dans l’armée jusqu’à sa retraite en 1928.
  • En 1902, c’est son frère Roger qui s’engage à Rochefort dans le 3ème régiment d’infanterie coloniale direction l’Indochine, d’où il reviendra pour participer à la guerre en 1916. Il repart en Indochine en 1922 sur le vapeur Formose.
  • Leur petit frère Pierre sera  menuisier mais un menuisier un peu spécial. Il travaillera chez André Citroën à Paris comme menuisier de voiture.

A noter : Sur leurs fiches matricules, les quatre garçons ont un niveau d’instruction de 3 : cela signifie qu’ils savent lire, écrire. C’est assez rare pour le souligner par rapport aux fiches matricules que j’ai l’habitude de consulter. A la même époque, leur cousin germain Stophin Moreau a un niveau d’instruction 0, il vit pourtant dans la même commune mais son père est cultivateur et installé à l’extérieur du bourg.

Roger Bonnin

De leurs quatre fils, c’est Roger qui a le plus retenu mon attention. Sa fiche matricule contient beaucoup d’informations et, en particulier, une mention de ses décorations. Et, surprise, il a reçu la légion d’honneur en 1921. Cartographe, il a effectué des relevés topographiques sur le terrain en 1917 au Chemin des Dames et à Verdun.

Il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité. C’est toujours un plaisir de parcourir un nouveau fond d’archives. Surtout que les dossiers de la légion d’honneur ont été numérisés. Pour les consulter, il suffit de se rendre sur la base Léonore avec le nom et les dates et lieux de naissance de la personne concernée. Les documents que l’on retrouve dans ces dossiers sont très variables. Le dossier de Roger n’est pas très étoffé. On retrouve son acte de naissance, ses états de service pendant la guerre un peu plus détaillé que dans la fiche matricule et la déclaration de son décès mettant fin au versement du traitement associé à sa légion d’honneur.

Roger est mort à Phnom Penh comme mentionné en marge de son acte de naissance et dans son dossier de la légion d’honneur.

Je profite toujours des occasions qui me permettent d’utiliser un nouveau fond d’archives. Il s’agit cette fois-ci de rechercher un acte de décès dans les anciens territoires français. Trop récent pour être disponible sur le site des ANOM, il faut faire une demande d’un acte au service d’état civil du ministère des affaires étrangères  via le Portail de demande d’actes d’état civil des français à l’étranger.

Plan de Phnom-Penh en 1928

Plan de Phnom-Penh en 1928 – Crédit photo : http://belleindochine.free.fr/

Quelques semaines plus tard, je reçois son acte de décès qui, outre son adresse à Phnom Penh Rue Desbos, mentionnait une Mme Bonnin : Chan Sa Oun. De ce mariage, pas de trace en mention marginale de son acte de naissance. Ont-ils eu des enfants ?

Si c’est le cas, il se pourrait bien que j’ai quelques cousins au Cambodge…

 

Sources
Etat-civil de Payroux - Archives départementales de la Vienne 
Recensements de Payroux - Archives départementales de la Vienne 
Registres matricules du bureau de Poitiers - Archives départementales de la Vienne 
Dossier LH/290/51 - Base Léonore - Archives Nationales de France 
Acte de décès de Roger Bonnin (COL) Phnom Penh 1950.MUN .D.00793