Qu’elle devait sembler bien loin cette guerre vue du petit village d’Orègue. Pour Jean Aribit et Jeanne Dublanc, parents de six garçons et deux filles nés de 1874 à 1892, la vie suivait son cours en ce début du 20ème siècle. Les trois aînés étaient mariés et pères de famille.
Et puis le 2 août 1914 :
Bernard, le fils aîné, de la classe 1894, échappe à la mobilisation mais de peu. En 1914, il est père de six enfants et donc rattaché à une classe plus ancienne.Jean, son cadet d‘un an, n’a pas cette chance. Il arrive au corps le 4 août dans le 142ème Régiment d’Infanterie Territoriale. Etant donné son âge et ses problèmes de myopie, il sert à l’Intérieur. En février 1917, il est réaffecté à la poudrerie de Toulouse. Il est démobilisé le 15 février 1920.
Raphaël, né en 1876, arrive au corps lui aussi le 4 août dans le 142ème Régiment d’Infanterie Territoriale. Il est réformé le 16 décembre 1916 pour bronchite, faiblesse générale. Probablement déjà gravement malade, il meurt à Orègue le 2 novembre 1917.
Des conséquences de la guerre ou pas ? Probablement oui pour ses proches car son nom sera couché sur le monument aux morts d’Orègue bien qu’il n’ait pas été déclaré Mort pour la France.
Jean, le plus grand de la famille, de la classe 1898 n’a pas fait son service militaire. Il a été classé dans les services auxiliaires pour myopie et astigmatisme. Pourtant, il sera classé en service armé dès le 6 novembre 1914. Arrivé au corps le 9 janvier 1915, ses problèmes oculaires semblent suffisamment handicapant pour qu’il soit reclassé dans les services auxiliaires en mars 1915 et renvoyé dans ses foyers. Mais en juillet 1915, il est rappelé au 142ème RI comme ses deux frères. Il sera détaché en octobre 1917 comme agriculteur.
Pour Léon Jean Baptiste, né en 1881, pas de fiche matricule. Il a probablement été réformé, il décède d’ailleurs en 1916 à Ustaritz cordonnier célibataire. Les archives des Pyrénées Atlantiques nous proposent un accès très facile aux fiches matricules qui ont été indexées par nom et classe des conscrits. Par contre, il est très dommage qu’elles n’aient pas numérisées en complément les tables alphabétiques qui accompagnent les fiches matricules : impossible de distinguer une absence des listes alphabétiques d’une erreur d’indexation.
De Laurence, la première fille, nous n’avons pas de description physique mais nous en avons une de son mari. Elle se marie en novembre 1917 quelques jours après le décès de son frère Raphaël avec Jacques Challa, soldat en permission . Il sert dans l’artillerie coloniale et ne rentrera chez lui qu’en avril 1919 après avoir servi 8 mois en Russie.
Lors du mariage de Laurence, la famille a déménagé. Elle est maintenant installée à Arraute-Charrite. Le père Jean est déjà décédé (pas de chance, la date de son décès n’est pas indiquée dans l’acte de mariage). Est-il mort avant son fils Raphaël ? Son décès est-il à l’origine du déménagement ?
Pierre, le fils cadet de la fratrie, arrive au corps le 3 août. Il sera blessé plusieurs fois au cours du conflit : par éclat d’obus en 1916, gazé en 1918. Il sera finalement libéré en mars 1919.
Il sera cité à l’ordre de son régiment :
Catherine la petite dernière se marie en octobre 1918 avec son cousin issu de germain Jules Aribit de la classe 1908. Parti dès août 1914, il sera libéré en juillet 1919. Classé dans les services auxiliaires à cause de problèmes au genou droit pendant son service militaire, il participe plus qu’activement à la guerre comme l’indique cette citation de 1918 à l’ordre de son régiment :
Mais il décède en 1922, sans avoir réussi à obtenir une pension d’invalidité.
Avec des garçons assez âgés lors de la déclaration de guerre, la famille de Jean et Marie n’a donné qu’un seul de ses fils à la patrie mais la guerre a aussi pris la vie de Jean Aribit leur cousin germain décédé loin des siens en Serbie, d’Antoine Aribit le beau-frère de Catherine, de Jean-Baptiste Doyhenard le beau-frère de Raphaël et de tellement d’autres voisins, amis.
En dehors de leur implication dans cette guerre, les fiches matricules des garçons m’ont permis de noter quelques éléments intéressants : problèmes de myopie pour deux d’entre eux qui laissent à penser qu’il existe d’autres myopes dans leurs ascendants, une taille assez grande pour l’époque (au-dessus d’1m60).
Sources Fiche matricule Bernard Aribit, AD 64 1R635 Fiche matricule Jean Aribit, AD 64 1R648 Fiche matricule Raphaël Aribit, AD64 1R662 Fiche matricule Jacques Challa, AD64 1R757 Fiche matricule Pierre Aribit, AD64 1R801 Fiche matricule Jules Aribit, AD64 1R801
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